Hélène Mongin

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Ajouté le 7 juil. 2014

Estivales du Palais des Arts à Saint-Lizier, au Palais des Evêques du 14 au 27 juillet 2014


Exposition au 1er étage du Palais des Evêques, grande salle de droite:

Créations photographiques de Hélène Mongin, autour du paysage traversé par la lumière et la voie ferrée, sur le trajet Toulouse-Boussens.

Sur la ligne de chemin de fer entre Toulouse et Boussens, entre ville et campagne, j’ai voyagé régulièrement sur plusieurs années.

De larges étendues plates et monotones, des champs cultivés à perte de vue, des zones industrielles, des usines et des lignes à haute tension défilent dans le cadre de la fenêtre du train, tel un film, ponctué par de courts arrêts aux petites gares où l’humain semble réapparaître...

 

Le long de cette voie ferrée, je capte en série des photos-séquences, ce paysage-film cent fois vu et revu.

Les phénomènes météorologiques, la lumière à différents moments de la journée, les nuées et le mouvement sont autant de phénomènes qui avalent et révèlent tout à la fois ce paysage qui les traverse tout en étant traversé par eux.

 

Entre lumières et nuées sans cesse en mouvement, la vitesse du train vient altérer la perception du paysage et semble tout emporter avec elle : les figures, l’espace et la lumière.

Des silhouettes intemporelles, mystérieuses et éphémères semblent surgir pour disparaitre aussitôt…

 

Ce paysage traversé par mon regard, l’est également par l’histoire de ma vie, mes états d’âme, mes projections et mes rêveries : un autre paysage alors apparaît, il prend une dimension cinématographique, fantasmagorique, aux atmosphères apocalyptiques…

 

Mais les nuées sont également caractéristiques des théophanies (théo = Dieu, phan = apparition) dans la littérature apocalyptique biblique, dont je suis nourrie, notamment dans le livre de l’Exode ou du prophète Daniel, de l’Ancien Testament et dans la Révélation de Jésus-Christ selon Saint-Jean, le dernier livre de la Bible. 

 

Ma démarche est toujours très intuitive et quasi obsessionnelle : ces photos sont une sélection parmi plusieurs centaines de photos, toutes prises en mouvement avec un des premiers appareils numériques.

 

La perte de perception du paysage due à la vitesse, se retrouve dans l’image photographique captée, où l’altération du paysage y est manifeste.

 

C’est justement cette altération que j’ai voulu accentuer à outrance par une déperdition de l’image que j’ai travaillé par reproductions répétées de la même image.

 

De l’’apparition à la disparition, un intervalle furtif surgit, où un songe vient s’y loger…c’est dans cet intervalle que mes doigts de peintre ont œuvré pour faire apparaître, disparaître, réapparaître…

 

L’altération devient si intense qu’elle en transforme l’image source. Les multiples images de ce paysage traversé par la lumière, les ténèbres, les nuées pourraient bien être les multiples visages de notre être, traversant ténèbres et lumière sur le chemin de la vie.

                                                                                              Hélène Mongin

Créé avec Artmajeur